Pourquoi l’Ukraine, c’est l’Europe ?

Article : Pourquoi l’Ukraine, c’est l’Europe ?
Crédit: Nati / Pexels
2 mars 2022

Pourquoi l’Ukraine, c’est l’Europe ?

Depuis une semaine, l’Ukraine résiste aux Russes pour défendre au prix du sang un choix, celui de rejoindre l’Union Européenne. Comment l’expliquer ?

Une Ukraine bien récalcitrante…

En l’espace de 20 ans, en 2004 et en 2014, l’Ukraine fut secouée par deux révolutions populaire qui ont mis en difficulté un régime oligarque et pro-russe.

A chaque fois, le souhait de la population a été de demander plus de démocratie, moins de corruption et, enfin, de rejoindre l’Union Européenne.

Ce souhait ne devrait pas paraître évident normalement et, Vladimir Poutine a essayé d’en convaincre le peuple russe peu avant de lancer son agression du pays dans un discours fleuve de plus de 50 minutes.

L’histoire avec un grand H montre que l’Ukraine est extrêmement proche de la Russie, au point que le président russe ne cache même plus son souhait de rétablir les frontières de l’empire russe de 1914 et, d’annexer l’Ukraine.

…Dans une histoire en constante évolution

C’est oublier que l’histoire n’est pas gravée dans le marbre. L’histoire est comme un être humain, c’est une entité sociale qui évolue, qui ne reste pas immuable. Il faut par conséquent manier l’argument « historique » avec attention si l’on on ne veux pas se brûler les doigts avec.

Si on devait se fier à l’histoire récente de l’U.E, cette dernière n’aurait pas levé le petit doigt, comme en 2014. Et pourtant.

Si on devait se fier à l’histoire récente de l’Allemagne, jamais elle n’aurait décidé d’investir 100 milliards immédiatement dans sa défense et mettre ainsi fin à sa politique pacifiste. Et pourtant.

Si on devait se fait à l’histoire multiséculaire de la Suisse, jamais elle ne sortirait de sa neutralité, dite « perpétuelle ». Et pourtant.

La leçon à en tirer est que l’histoire se doit d’être vue et de rester comme ce qu’elle est : une science sociale dont on doit apprendre. Ce n’est pas un moyen de justification facile et biaisé pour répandre le sang des innocents et satisfaire des ambitions expansionnistes.

La réalité est qu’en l’espace de 30 ans, l’Ukraine et son peuple ont considérablement changé, au point qu’ils se sentent aujourd’hui plus Européens que Russes.

La preuve est que même les principales villes de l’est ukrainien, considérées comme pro-russes, ne sont toujours pas tombées ou freinent l’avancée russe. On est loin d’une terre censée accueillir des « libérateurs frères » d’un « régime néo nazi » ukrainien.

La réalité est, aussi, que le peuple européen se sent plus européen que jamais, ce qui semblait inimaginable il y a encore quelques semaines, tant le projet européen semblait dans une phase de doute, voir, pour certains, de déclin.

Dans 20 ans nous aurons le recul pour commencer à expliquer en détail la réalité de ces changements, car la science qu’est l’histoire saura mettre des mots, des preuves, des théories qui rendront alors logiques et évidents les changements qui, nous, nous paraissent aujourd’hui si surprenants ou inconcevables.

La douche froide impériale

A vouloir réécrire l’histoire, Monsieur Poutine vient en réalité d’accélérer un évènement dont personne n’avait encore conscience.

Quelle ironie pour cet ancien officier du KGB pendant la Guerre Froide. Il savait pourtant combien un évènement aussi anodin qu’une conférence de presse en République démocratique allemande (RDA) avait, à elle seule, provoqué l’effet domino qui allait mettre un terme à l’URSS. Alors une guerre…

Aujourd’hui, il s’aperçoit que son invasion de l’Ukraine est le feu qui allume le cœur et l’esprit d’une Union Européenne désormais consciente d’elle-même.

Pour la première fois, une identité européenne propre s’affirme et, on peut aisément en résumer ses valeurs : démocratie, liberté, égalité, respect de l’identité et de la culture des nations membres dans une diversité qui fait notre richesse, notre force, notre honneur et notre solidarité.

Reste maintenant à savoir si les dirigeants européens et leur peuple se sont rendus compte de tout cela.

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